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Je suis allée au Ministère des Affaires Etrangères

Publié le mercredi 29 avril 2015

"Ramallah Dream"

On pousse la porte d’un immeuble tremblant vers un occidental capitalisant, à l’outrancière arrogance.
Dedans ça sent la laque, le silicone, le prêt-à-porter haut de gamme et le billet vert.
Notre petit groupe est constitué pour majorité d’Européen(ne)s.
Ca se voit, ça se sent à nos têtes, nos attitudes, nos vêtements.
Alors on a droit à des sourires aseptisés, de l’hypocrisie sous plastique.
On nous conduit avec moult manières à travers un open-space jusqu’à un bureau ;
spacieux, fastueux.
Digne de l’imaginaire collectif des feu tours jumelles New-Yorkaises.
Accueilli(e)s par une poupée toute en botox et en miellerie.
Je ne pouvais m’empêcher d’effectuer des allers-retous du regard, de ses bottes à haut talons à ses lèvres artificiellement proéminentes en passant par sa jupe étroite, qui sans réellement me choquer se trouvent à l’opposé de la réalité que je côtoie depuis cinq mois.
Je la regardais ainsi déblatérer un discours prémâché par USAids et compagnie, flirtant dangereusement avec les idées de normalisation de l’occupation israélienne que défend si ardemment l’Occident notamment par les millions qu’il injecte dans les comptes frauduleux du deuxième occupant, l’Autorité Palestinienne, les sbires de Mahmud Abbas...
Israël devient alors "notre voisin qui réussit tant sur l’interface internationale et dont nous devons prendre exemple", les associations européennes présentes sur place comme les CEMEA sont alors priées "d’éduquer les Palestiniens"...
Le malaise.
Les échanges de regard gênés, l’envie de déguerpir au plus vite devant la réalité d’un gouvernement sans état tentant d’entretenir la vitrine d’une puissance capitaliste de l’Ouest mais qui doit attendre l’autorisation de l’occupant pour ses moindres faits et gestes, jusqu’à la livraison des papiers officiels pour ses propres passeports.
C’est le plus lugubre des syndromes de Stockholm : vouloir adopter le même mode de fonctionnement que ses bourreaux au lieu de les combattre.

En poussant enfin la porte de sortie je me dis que décidément, je déteste Ramallah...

Manon

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