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Ça s’embrase

Publié le mardi 11 août 2015

Cela fait quelques matins que les réveils en Palestine ne sont pas si plaisants.

Tout d’abord, il y a la chaleur. J’ouvre les yeux, dégoulinante. Naïvement j’espère qu’une douche froide m’aidera à me sentir mieux. Mais une fois rafraîchie, un sentiment confus persiste.

Il y a quelques jours, à mon réveil, un des copains d’ici me raconte qu’un bébé de 18 mois est mort brûlé. Des colons ont incendié sa maison. Sa famille est gravement blessée. Ici tout le monde est triste et en colère. Puis en soirée, on apprend qu’un jeune Palestinien est mort des suites de ses blessures lors d’un affrontement en réaction au décès du petit bout de chou. La tension est palpable. Je perçois des envies de vengeance.

Finalement, je crois mettre un doigt sur la raison du manque d’entrain de mon sourire et ce n’est pas l’ardeur du soleil. Je suis maintenant depuis deux mois en Palestine, à entendre, voir et vivre sa violence et son injustice. Peut-être que ce qui s’est passé ces derniers jours est simplement une goutte de sang en trop.

D’ailleurs ces jours-ci j’ai tendance à rester dans le petit cocon de l’association. Parce que je n’ai pas l’énergie de voir les ribambelles de colonies sur la route, le mur d’apartheid, les checkpoints et ses soldats. Fermer les yeux pour me protéger de la réalité, en vain. L’occupation elle se rappelle sans cesse à toi et il faut croire que le courage de mes copain-ine-s d’ici ne m’a pas encore envahie... Quand je pense à leur passé, leur quotidien et leur futur, cela me rempli de peine et de colère. Leur quotidien n’est qu’occupation, politique, oppression, humiliation et injustice. Tous-tes semblent avoir au moins un membre de leur famille mort ou blessé à cause d’Israélien-ne-s. Quelle famille n’a pas dû attendre une permission pour aller rendre visite à un proche dans une prison israélienne. Et quand les soldats font une descente dans le camp, ils-elles ont encore du mal à respirer le lendemain à cause des gaz lacrymogènes. Les enfants que je vois dans la rue, ne jouent jamais au ballon, mais avec des fausses armes en plastique.

J’ai du mal à gagner mon lit le soir, comme en tension. Est-ce ces visages, ces histoires, ces combats, ces convictions qui se chamaillent dans ma tête ? Malgré tout, je n’ai pas envie de penser au moment où je vais la quitter la Palestine, pour retrouver mon quotidien européen. Cependant quand ce moment arrivera il y a une chose que j’espère garder de la Palestine : sa force, son courage et sa persévérance. Car il y a tant de luttes à mener, même dans ma vie que je considère comme très agréable. Parce qu’eux-elles ne plient pas ! Comme m’a dit une jeune fille du camp : « eux ont peur d’un enfant qui joue avec des cailloux mais nous on n’a pas peur de leurs armes ». Il y a encore ce jeune homme qui pourrait avoir un passeport jordanien et s’éviter bien des problèmes, mais qui refuse, il ne se soumettra pas à l’ennemi et restera fièrement Palestinien.

Comme cela peut être le cas pour un-e amoureux-se, eux-elles, c’est la résistance qu’ils-elles ont dans la peau.

Al Jdida

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