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SénéFrance

La présence française au Sénégal

Publié le mercredi 4 mai 2016

Depuis mon arrivée, j’essaye d’écrire un article sur la présence française palpable au Sénégal.
Cette thématique est difficile à aborder, car mes observations évoluent au fur et à mesure de mon séjour et que beaucoup d’éléments se mêlent et se croisent. Il y a tellement à raconter que je ne sais pas par où commencer et j’espère que vous vous y retrouverez quand même !

C’est vrai que ça fait partie des éléments qui m’ont marqué à mon arrivée. Nous avions déjà posé ces questions durant notre passage aux Ceméa et là j’ai compris que c’était important d’avoir ces clés de lecture pour pouvoir remettre en question des façons de faire, des comportements. Si je n’avais jamais intégré le mot « néo-colonialisme » et ce qui gravite autour ; je pense que je serai en partie passé à côté de ce choc et que je me serai comporté différemment au village. Peut-être aurai-je moi-même adopté ce comportement qui m’écoeure.

La première chose que j’ai remarqué, c’est la demande systématique d’aide extérieure. L’omniprésence des ONG. Si on prend l’exemple de Ndiaganiao, à ma connaissance il y a déjà au moins 5 associations française, canadienne et belge qui sont intervenus dans la construction d’infrastructure, don de matériels – principalement dans les domaines de la santé et de l’école. Toutes les villes du Sénégal ou presque sont jumelées à au moins une ville française. Ndiaganiao-St Herblain – Rufisque-Nantes – Tambacounda-La-Roche-sur-Yon-St Niklaas (Belgique).
Tous ces partenariats m’ont l’air de fonctionner à sens unique, avec une hiérarchie sous-jacente. C’est-à-dire un rapport Nord-Sud (con)descendant. Les français viennent construire, distribuer, et maintiennent le pays dans la dépendance. Un projet de développement peut parfois devenir un frein à ce même développement.

Un exemple concret : l’eau et l’électricité. Une ONG vient en messie apporter l’eau et l’électricité courantes dans les foyers. Enchantés par ce nouveau confort, les habitants rempliront leurs bassines d’eau et la lumière allumée dans toutes les pièces de la maison ! Mais en fait, ce n’est pas gratuit. Dans deux mois, la facture arrive, et les gens ne payent pas. On ne peut pas entretenir un service sans argent bien sûr. Mais les foyers qui ont été approvisionné en eau et en électricité n’ont pas forcément les moyens de payer les factures. Au bout d’un moment, cela ne fonctionne plus et on retourne à la case départ. Les habitants auront donc goûté à ce confort pour en être privé après. Et là on entend des français nous dire « On dirait que les gens ne veulent pas se développer ! »
….

Cette présence française, cette présence coloniale, elle se sent aussi sur le territoire.
Exemple : A Dakar, en une journée, vous pourrez voyager du Sénégal à la France et revenir pour 2000 francs CFA. La gare routière se trouve à Pikine -banlieue sud de Dakar- l’autoroute qui y mènent (où l’on retrouve trait-pour-trait les panneaux de signalisation et les guichets français) est bordée par des maisons qui ont l’air de ne jamais être finie, avec des toits ouverts et tiges de construction encore apparentes. Je me sens dans un environnement quotidien.
Ensuite, je prends le taxi et j’ai envie d’aller au bord de la mer, ou de visiter un musée, une expo, d’aller au ciné. Je demande donc au taxi de m’emmener à la Corniche Ouest, et là, le paysage change radicalement. Hôtel Radison suivi du Sea Plaza (centre commercial européen avec des magasins occidentaux) – et surtout des villas protégées par des murs, parfois un garde... Les rues sont larges, bétonnées et propres. Je ne me sens plus dans mon élément.

Sur le territoire Sénégalais, l’exemple le plus flagrant selon moi est la ville de Saly. C’est le repère privilégié des toubabs, beaucoup achètent une résidence ou passent leur vacances dans les hôtels de la Fram, Palm Beach, Filaos etc... Encore une fois, les rues sont clean, avec des trottoirs, des places avec magasins de vêtements/cafés, architecture et agencement français. Même un supermarché casino. Les gens se croisent dans la rue mais ne se saluent pas, les seuls échanges que l’on peut avoir avec un sénégalais c’est « Madame taxi ? »
Quand on parcourt quelques kilomètres, Saly devient progressivement une ville sénégalaise, si on s’éloigne des hôtels pour s’enfoncer dans la ville. La différence est telle qu’il y a deux appellations pour les taxis : Tu as où ? Saly Hôtel ou Saly Portudal ?
Saly Sénégal, s’il vous plait.

Petite anecdote qui m’a beaucoup fait rire, il y a une ville qui s’appelle « Baobab-sur-Mer » …..

Au-delà de ces aspects, là où j ’ai été le plus choquée, c’est que cette présence colonialiste se ressent aussi et surtout dans les rapports humains entre français et sénégalais.
Cette seconde partie vaut un second article...

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